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Qu’est-ce qui vous a déterminé à rédiger le récit de votre enfance ? Et pourquoi maintenant ? J’aurais pu, en effet, le rédiger plus tôt, mais cela ne me paraissait pas urgent et j’avais, par ailleurs, des occupations plus pressantes. Puis, l’âge venant, j’allais sur mes 94 ans, je me suis dit que je devais laisser mon témoignage, celui d’un enfant né en 1926 et qui s’est trouvé confronté à cet événement majeur qu’a été la IIe Guerre mondiale. D’autant que les relations qui me parvenaient à propos de cette époque me paraissaient de plus en plus incompatibles avec ce que j’avais effectivement vécu. Cela vous a-t-il demandé beaucoup d’efforts et de travail ? Pas vraiment. La nuit, je méditais fréquemment sur ces épisodes de mon passé : ces cinq années de privation et de désespoir les plus extrêmes. Au point que j’attendais avec impatience que le jour se lève pour en compléter mes notes. Tout était resté très présent dans ma mémoire ; chaque souvenir en faisait resurgir de nouveaux. Et avec le recul, l’histoire que j’ai connue avait pris une tout autre dimension. Qu’apporte votre livre par rapport à ce qui a été écrit aujourd’hui sur le sujet ? C’est d’abord le témoignage de quelqu’un, parmi les très rares témoins survivants dont je suis, qui a vécu ces événements. C’est aussi une façon pour le lecteur de découvrir des épisodes peu ou mal connus, ou passés sous silence, en particulier dans les régions d’Aquitaine et de Saintonge où j’ai vécu. Mes premiers lecteurs m’ont confié que ces pages se lisaient comme un roman. Je n’ai pas rédigé mon livre dans ce sens, mais s’il doit inspirer cette impression, pourquoi pas ?
1939-1945, une enfance en sursis, Jean-Claude Favrit,, éditions Dualpha, 142 pages, 18 e.
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