|
 |
Vous témoignez sur votre activité dans l’OAS métropolitaine. Qu’est-ce qui vous a poussé à évoquer ce passé après si longtemps ? La raison est la même que celle qui a poussé ceux de ma génération à revenir sur la tragédie de l’Algérie française : le désir de laisser un témoignage pour les générations à venir, de raconter l’histoire d’un engagement et ses motivations, de transmettre un autre message que celui d’un politiquement correct qui, aujourd’hui plus que jamais, est dans l’air du temps ou, plus exactement l’empoisonne ! Pourquoi alors, avoir attendu si longtemps ? Il est vrai que de longues années ont passé depuis 1964, année où je suis sorti de prison. J’y avais commencé des études de lettres, allemand et langues scandinaves, je les ai poursuivies à l’étranger, au Danemark où je me suis installé, où j’ai fondé une famille et où j’ai poursuivi une longue carrière universitaire. Il a fallu un déclic, un grave accident de santé pour que je me dise : il est plus que temps de laisser un témoignage. Après tout, l’OAS reste la marque visible de la résistance des Français d’Algérie et des Français de la Métropole à l’abandon d’une terre française. Mais La cendre et la braise n’est pas seulement un témoignage sur l’activité du réseau OAS dans l’Est de la métropole ? J’ai voulu raconter et aussi expliquer. D’ailleurs, mon livre est sous-titré « réflexions et souvenirs », les deux se tiennent. Il était naturel de replacer l’action de notre réseau dans son cadre national, dans cette histoire de la France souillée par un personnage qui était un militaire, mais certainement pas un soldat, personnage soutenu par les idéologues d’un univers totalitaire, en pleine guerre froide. Mais notre histoire est avant tout une histoire d’amour. Y a-t-il une leçon à tirer de votre passé ? Certainement. Regardez ce qui se passe depuis une cinquantaine d’années de l’autre côté de la Méditerranée, et regardez aussi ce qui se passe dans une société menacée par la disparition de ce qui est l’âme de notre peuple et même de notre nation telle que les siècles l’ont façonnée. Je salue les premiers signes d’une renaissance d’un combat pour l’identité de la France. Notre combat pour l’Algérie française se situait également dans cette perspective. Il se poursuit aujourd’hui sous d’autre formes, mais dans le même esprit.
|