Votre roman se lit comme un roman policier, mais il est très historique, n’est-ce pas ? C’est une histoire qui me trottait dans la tête depuis les années quatre-vingt. J’ai voulu approfondir ce sujet véridique, mais il n’existe pas une véritable histoire de la Cagoule ; les historiens se sont cassé la plume parce que cette armée secrète avait été très compartimentée par ses dirigeants fondateurs pour éviter d’éventuelles enquêtes de police approfondies si l’un de ses membres tombait. J’ai donc eu l’idée de traiter cette histoire sous la forme romancée, en faisant vivre les authentiques personnages sous leurs noms patronymiques et de guerre. 1937, Cela commence à dater ! Oui, mais quand même moins que Clémenceau et Bonaparte ! Nous sommes à la veille de la guerre. L’époque est trouble. Blum est au pouvoir et dirige le Front populaire. Les communistes sont à cette époque très puissants dans les urnes et n’attendent que l’ordre de l’URSS et de son chef Joseph Staline pour « bolcheviser » la France. Les soldats héroïques de la Grande Guerre, de même que les royalistes et les ligues patriotiques ne veulent pas que la France tombe sous le joug du communisme. On ne parle de cette période charnière de l’Histoire que pour avancer les congés payés, qui existaient pourtant depuis longtemps pour les fonctionnaires. Mais ce qui se passe en Europe à cette époque est plus important que les vacances. La guerre va frapper bientôt ! Vous voulez rétablir la vérité, en somme… Oui, bien sûr ! La Vérité historique qui dérange, celle que les professeurs de gauche et d’autres… mettent sous le tapis. Mais je le fais dans un style abordable et vivant, très compréhensif pour tous ; on n’a pas le droit d’escamoter la Vérité même et surtout si elle déplaît. Vous tenez à la réhabilitation de certains personnages ? Oui c’est un des buts du livre. Je tiens par exemple, à rendre hommage à un héros des deux guerres mondiales : Joseph Darnand célébré par le Président Poincaré. Je raconte son « coup » extraordinaire sur le front au début de 1918. Et je rends hommage aussi aux officiers, sous-officiers et simples soldats, ligues patriotiques et royalistes qui voulaient sauver la France au prix de leur vie en entrant dans cette armée secrète, pendant que les insouciants dansaient et jouaient dans les casinos de Bagnoles et d’ailleurs. Votre livre est aussi peut-on dire un guide touristique ? Vous avez raison ! Je fais voyager dans les trains et les automobiles de l’époque ces personnes de l’ombre ; dans le Paris d’avant-guerre, à Clermont-Ferrand, Nice, Fleurance, Rome, dans l’Espagne de la guerre civile, et bien sûr en Normandie et à Bagnoles de l’Orne où va frapper la Cagoule en juin 1937, et déclencher de ce fait un procès en… 1948 ! Qui n’appellera à la barre que des seconds et troisièmes « couteaux » dans l’indifférence générale. La Cagoule frappe à Bagnoles-de-l’Orne, Jacques Dansan, éditions Dutan, 296 pages, 25 euros.
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