Ses réalisations auraient donc été positives pour la nation italienne ? Le nier serait une parfaite absurdité. Le Duce a dynamisé sa nation, lui a fait adopter des rythmes et des méthodes de travail identiques à ceux et celles des plus avancés des pays occidentaux – du moins avant que le Reich national-socialiste ne pulvérise tous les records d’efficacité et de productivité en Europe. Il a écrasé la mafia et la Camorra, ressuscitées par les « libérateurs » nord-américains à partir de l’été 43. Il a sorti les jeunes filles du carcan familial et les a plongées dans la vie active, les faisant passer des églises aux terrains de sport… c’est ce que le vieux Pie XI, bigot atrabilaire et ultra-réactionnaire, a présenté comme une « persécution religieuse » durant les années trente. C’est donc à ce moment qu’il se tourne vers Adolf Hitler ? Oui et non. En septembre 1937, un voyage en Allemagne fait comprendre au Duce la puissance du Reich national-socialiste, alors même qu’il continue de détester les « Tedeschi » (les Allemands) et jalouse leur Führer. L’été de 1938, le Duce commet sa première faute, après 16 années d’exercice fort intelligent du Pouvoir (il n’est nullement responsable de la mort du très riche député socialiste Matteotti) : il se lance dans une politique de racisme, très stupide parce qu’elle est particulièrement inadaptée aux réalités italiennes, où le brassage des races et des ethnies remonte à deux millénaires. Adolf Hitler en est le premier surpris, qui ne lui avait pas conseillé de s’y lancer ! Il a fallu beaucoup de maladresses franco-britanniques pour placer le Duce à la traîne d’un Führer qu’il a toujours détesté. Les mesures raciales touchent tous les sujets qui ne sont pas de souche européenne, et pas seulement les Juifs, comme certaines jérémiades voudraient le faire croire. Il ne faudrait pas oublier que plus de 40 % des adultes juifs sont alors inscrits au Parti National Fasciste ! Fin septembre 1938, Mussolini joue avec succès le rôle de médiateur international, offrant aux Européens un sursis d’un an avant leur nouvelle tentative de suicide… réussie, celle-là, à la différence de celle de 1914-1918. Pourtant, en juin 1940, il entre en guerre… C’est sa seconde faute, la plus lourde, celle qui ruine irrémédiablement ce qu’il avait bâti. On analyse par le détail les campagnes italiennes, toutes désastreuses : celles de France, de Grèce, d’Afrique orientale et d’Afrique du Nord ; la participation stupide à la Campagne contre l’URSS. Les Campagnes de Sicile et d’Italie, qui furent de remarquables exemples de tactique défensive très efficace et qui sont analysées en détail, ne virent pas de participation italienne notable. Cette guerre n’avait nullement été souhaitée par la nation italienne et elle ne l’a pas faite, si elle en a subi tous les désagréments : bombardements et attentats terroristes, viols et pillages, destructions massives de monuments et de cités… de nos jours, toutes les ruines ne sont pas encore déblayées en Italie du Sud ! Le rôle des Alliés « libérateurs » et des partisans communistes est présenté de façon parallèle à celui des soldats allemands et des rares combattants de la République Sociale Italienne. Pas plus que n’a fonctionné avant-guerre l’Axe Londres-Paris-Moscou qu’espéraient créer politiciens, généraux et diplomates, il n’a existé d’Axe Rome-Berlin. Le Duce et l’aristocratie italienne haïssaient les Germains, qui, en retour, méprisaient les « Makkaroni ». Dans cette ambiance détestable, Adolf Hitler, qui admirait le Duce des fascistes depuis 1922, resta jusqu’à la fin de 1944 fidèle à une amitié unilatérale qui lui coûta très cher. Il n’est peut-être pas inutile, à défaut de « vérité historique » – car qui peut se vanter de la connaître ? –, de présenter aussi exactement que possible les faits réels et de tenter de discerner les motivations et les états d’esprit successifs d’un Duce, d’abord jeune, dynamique et conquérant, puis vieilli et désabusé, mais constamment germanophobe.
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