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Le « mal français » : une névrose bien française
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Morel Yves quadri

Entretien avec Yves Morel, auteur de La névrose française aux éditions Dualpha.

« L’École s’est révélée incapable de résister
aux revendications égalitaires
et aux ambitions individuelles des élèves et des parents,                     de sorte qu’elle a sombré dans le marasme… »

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul, publiés sur le site de la réinformation européenne Eurolibertés).
Docteur ès lettres (en Histoire plus exactement), titulaire d’un DEA de Sciences de l’Éducation, diplômé de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Yves Morel a exercé diverses fonctions au sein de l’Éducation nationale, en particulier au rectorat de l’académie de Lyon. Il est l’auteur de nombreux livres.


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Couv Nevrose francaise

Votre ouvrage assimile le fameux « mal français » à une névrose : pourquoi cela ?

Une névrose est un déséquilibre psychique résultant d’un traumatisme subi par un individu lors de sa petite enfance, assez souvent même peu de temps après sa naissance, et affectant ses relations à autrui et à la société en général. C’est ce qui s’est produit dans le cas de notre nation. L’origine du mal français remonte, en effet, presque aux origines de notre nation, qui a dû défendre sa liberté contre des puissances (le Saint-Empire et la Papauté) qui entendaient la soumettre, et s’est vue obligée, pour cela, de se doter d’un régime fort et de s’imposer par la force à ses voisins européens.

Nous touchons là ce qui fait l’originalité de votre livre. Les auteurs qui se sont intéressés à ce mal français, en trouvent l’origine dans l’œuvre de centralisation de nos rois, tout particulièrement Louis XIII, secondé par Richelieu, et Louis XIV, puis de Napoléon. Mais vous, vous en situez l’origine presque à la naissance de la nation.

C’est exact. Dès le début, la France a donné l’exemple d’une nation décidée à défendre son indépendance. Elle s’est donc dotée d’une monarchie autoritaire étayée sur une administration puissante et centralisée, donc, par nature rigide et à peu près incapable d’évoluer, d’opérer en douceur les changements nécessités par l’évolution générale du monde durant les Temps Modernes. Aussi, à la fin du XVIIIe siècle, ceux-ci n’ont pu s’effectuer que contre la monarchie, obsolète et bloquée, par la voie révolutionnaire, donc par une rupture prétendument totale avec le passé. Ainsi, notre nation est passée à l’ère libérale, puis démocratique, sans prendre le temps d’effectuer en elle les changements graduels nécessaires à son adaptation au monde nouveau qui se faisait jour. Elle a ainsi prétendu se fonder sur des valeurs libérales et démocratiques radicales opposées en tout point à celles de l’Ancien Régime, fondant une monarchie autoritaire et une société hiérarchisée étayée sur des valeurs aristocratiques.

Quelle conséquence de ce rejet du passé, de cette absence de transition ?

Notre nation a fondé un régime libéral, puis démocratique sans que les esprits aient eu le temps d’évoluer pour se conformer à ce changement institutionnel et social. En plein régime libéral, puis démocratique, les valeurs aristocratiques, censément rejetées au profit de principes égalitaires, couraient encore dans toutes les têtes, si bien que les Français ont conçu la démocratie non comme l’institution d’une société libre et inégalitaire bien que fondée sur le principe de l’égalité des hommes et des droits, mais comme l’extension à tous des avantages et des gratifications qui, sous l’Ancien Régime, étaient ceux de la seule noblesse. Ils ont été – et sont toujours – incapables d’admettre sans sentiment d’injustice et de scandale, que la seule société libérale et démocratique viable est celle qui repose sur l’égalité des droits et s’accommode d’une inévitable inégalité des conditions. C’est ce qui explique qu’ils se soient entichés de toutes les utopies de type socialiste et aient été perpétuellement insatisfaits, se sentant floués par tous les régimes, et constamment tiraillés entre des revendications égalitaires radicales et une aspiration individuelle à un statut social de type aristocratique.

Cela nous amène à la question scolaire. Vous affirmez que la République a tenté de surmonter cette contradiction en confiant à l’École le soin d’opérer la ventilation sociale, sur la base de la seule aptitude intellectuelle, sans égard aux origines familiales des élèves. Elle aurait échoué dans cette entreprise ?

Parfaitement. L’École s’est révélée incapable de résister aux revendications égalitaires et aux ambitions individuelles des élèves et des parents, de sorte qu’elle a sombré dans le marasme et a accouché de l’École pédagogiste d’aujourd’hui, qui consiste en une primarisation lamentable d’une institution et d’un type de savoir et de culture de type élitiste.

Votre conclusion est bien pessimiste. N’entrevoyez-vous donc aucune remédiation possible à ce mal français ?

Difficilement, tant cette névrose est constitutive de notre identité.

La névrose française, Yves Morel, Dualpha, 120 pages, 17 euros.

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Petain Ecole quadri

Du même auteur, aux éditions de l'Atelier Fol'Fer

Pétain et l’École : théories et réalité (1940-1944)
(245 pages, 23 euros)

Beaucoup de bêtises – pour rester charitable – ont été écrites sur la « politique » de l’État Français (1940-1944) à l’égard de l’école (et de l’Instruction publique comme on disait jadis). Des hagiographies saint-sulpiciennes. Et des pamphlets exacerbés.

Pour la première fois, un historien, spécialiste du système éducatif français au cours des âges, se penche – de manière apaisée – sur le sujet. Les idées de refonte nécessaire du système scolaire et universitaire ont abondé à Vichy. Sans incidence concrète. En raison des circonstances particulières, certes. Mais aussi en raison des projets souvent contradictoires, voire antagonistes, portés par les acteurs de cette période troublée.

Une étude sérieuse, documentée, argumentée. Un livre qui, à ce titre, mérite de faire… école.

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