Pourquoi ce petit essai consacré à Joseph de Maistre ?

D’abord pour rendre enfin Joseph de Maistre plus accessible au lecteur, que celui-ci se pose la question de savoir qui il fut vraiment tant on a écrit sur lui sans pouvoir le résumer, ou pour en avoir entendu simplement parler, ou bien encore pour avoir cherché vainement à le saisir en courant d’un ouvrage à l’autre sans avoir pu se faire une opinion tant sur l’homme que sur son œuvre.

C’est vraiment un auteur si difficile ?

Difficile, non, mais l’homme, l’écrivain, le philosophe théoricien de l’autorité, le franc-maçon, puis le papiste sont déroutants à plus d’un titre. Et quand, péremptoire, il écarte ce qui le gène ou ce qui lui est opposé, ses arguments n’en sont pas pour autant convaincants. Toutefois, il paraît n’en avoir cure ! Aussi, Joseph de Maistre est-il un être et un littérateur inclassables. Aussi, faut-il le suivre pas à pas sur le chemin de sa vie pour pouvoir l’appréhender simplement et de bout en bout. C’est ce que propose cet essai…

On dit la pensée de Joseph de Maistre hautaine et tragique, vous confirmez ?

Et même apocalyptique et ô combien dérangeante pour beaucoup. Elle n’a pas été sans imprégner ou inspirer quelques grands noms de la littérature, voire influencer jusqu’à nos jours de solides intellectuels qui ont su ou pu dépasser ses provocations récurrentes, pour s’interroger comme lui sur le destin des Nations et notamment sur son concept de Providence à qui il donne le rôle central et qui n’est pas chez lui celle qui sauve, mais celle qui sanctionne une dérive, qui rompt avec l’ordre du monde.

C’est que l’homme voit partout la main de Dieu, et qu’il nous vient avec lui l’idée folle d’un ange exterminateur qui tourne inlassablement autour de notre planète pour frapper tantôt une Nation, tantôt une autre.

Penseur contre-révolutionnaire, on peut rester dubitatif quand on le voit zélateur du Pape, alors qu’il a été longtemps Martiniste et Franc-Maçon…

Oui et que, catholique fervent et pénitent, il se fait le premier défenseur des châtiments. Il n’est pas étonnant qu’il ait pu susciter des refoulements vifs, aussi convient-il de se pencher sur son parcours pour ne pas s’arrêter à ses sentences et le découvrir tout autrement. En tant que fils de famille respectueux d’abord, puis comme élève doué et exigeant avec lui-même, comme père attentif et comme frère protecteur et attentionné, en tant qu’homme blessé et désenchanté pour terminer, et non pas seulement comme l’homme de cour et d’ambassade, manipulateur et intriguant, enfin comme le bretteur doté d’une arme redoutable : son verbe. C’est ce que vous propose cet essai écrit et présenté avec simplicité, à prendre comme un manuel que l’on compulse avec, ici le détail de la vie de Maistre et ses états de service auprès des rois de Sardaigne, là son œuvre, ses citations, celles de la critique et de ses commentateurs qu’ils soient enthousiastes ou pas, avec des notes de renvoi pour situer précisément ces derniers. Puis quelques mots sur sa postérité…

Enfin, parce que Maistre a pressenti les affres des temps à venir et les conséquences de l’émancipation des peuples, les violences qu’elles engendrent et l’éternel retour des guerres… Et qu’elles sont à nouveau en Europe…
Joseph de Maistre. Une vie et une âme si singulières, Jean de Saint-Houardon, éditions de l’Atelier Fol’Fer, 120 pages, 17 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.