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Préface de Jean-Louis Barrault. Ce texte à deux voix auquel l’auteur est attentif et qu’il alimente, nous fait traverser la vie et la carrière d’Arletty qui illumina le XXe siècle du spectacle en France. Nous écoutons donc avec ferveur et amusement ces « Mémoires d’outre-tombe ». Bien qu’ils soient apocryphes dans l’esprit, ces propos « arrangés » se réfèrent à un long entretien enregistré sur cassette en 1985. Les Mémoires de Frédérick Lemaître, habilement reconstituées par Michel Souvais, véritable amoureux du théâtre, retournent aux sources des Enfants du paradis : le XIXe siècle des actrices et des acteurs, des auteurs et des boulevardiers qui inspirèrent Jacques Prévert, Jean-Louis Barrault et Marcel Carné, Mademoiselle George, Marie Dorval, le mime Debureau, l’assassin Lacenaire… Frédérick Lemaître, créateur de L’auberge des Adrets, de Ruy Blas, de Robert Macaire, ami de Victor Hugo, Balzac et Alexandre Dumas nous dévoile sa vie, sa carrière et sa légende. Deux cents ans de petite et de grande histoire du spectacle…
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Jean-Louis Barrault nous parle d'Arletty (Propos recueillis par Michel Souvais)
« J’étais en train de faire une adaptation de la vie de Debureau, parce que c’était la vie d’un mime. Et dans sa vie, Debureau était champion de canne. Un jour, sur le boulevard du Temple, pour défendre sa femme agressée, il a eu un coup de canne un peu malheureux… Et ça a tué le bonhomme. Alors tout le monde s’est précipité au tribunal, non pas pour le voir acquitté ou condamné, on s’en fichait… Mais c’était pour entendre le son de sa voix ! Parce que c’était un mime ! Alors voilà le point de départ de ça. Je rencontre Jacques Prévert et Carné. C’était à Nice, je crois. Le producteur venait de leur refuser un scénario. Jacques m’a dit : « T’as pas un sujet ? » Je lui ai raconté l’histoire de Debureau, par opposition avec un acteur parlant comme Frédérick Lemaître. Alors Jacques Prévert a sauté sur cette occasion et on a fait Les enfants du paradis. J’avais été frappé par les premiers films parlants de Charlie Chaplin. On a été voir ces premiers films pour entendre le son de sa voix ! J’ai passé tous les documents et Jacques a fait Les enfants du paradis, qui n’avaient rien à voir avec la pièce de Guitry. Le film était construit sur l’opposition entre un acteur mime et un acteur parlant comme Pierre Brasseur, qui est merveilleux dans le rôle de Frédérick Lemaître !
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Arletty, de Frédérick Lemaître aux Enfants du Paradis de Michel Souvais
Il y a eu une bonne fortune, c’est que tout le monde s’est réuni autour de ce sujet, avec Prévert, Decroux, mime, avec Gilles Margaritis. Tous les copains étaient là. Ça a fait un film de camaraderie ! C’était en 1942. Alors ça a mis à peu près un an à se tourner. On a commencé aux studios de la Victorine, à Nice et on a fini aux studios Francœur, à Paris. Tous les personnages du film ont des références dans le réel. Prévert a ajouté aussi pour Marcel Herrand le rôle de Lacenaire, qui a existé. Garance concrétisait tous ces messieurs par son charme !
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Je ne me rappelle pas si elle avait des références avec un personnage pouvant avoir existé, comme une courtisane. Mais je sais que j’avais une grande admiration pour Arletty et pour Garance. Il y a quelques années, j’étais dans la rue. Il y a une jeune fille qui m’accoste : « Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? Appelez-moi Garance. » Il y avait longtemps que le film était sorti. J’avais complètement oublié Les enfants du paradis à ce moment-là. J’étais dans la rue. Alors : « Appelez-moi Garance ! » Pour moi et Madeleine, ça reste un grand souvenir d’avoir reçu Arletty à l’Odéon-Théâtre de France en 1962, pour Un otage. Il fallait qu’il y ait une femme comme Arletty pour faire Garance et pour justement centrer tout le film. Elle a beaucoup apporté Arletty. Ah oui ! Absolument ! Les rapports entre Baptiste et Garance sont des rapports tout à fait émouvants parce qu’il est timide, Baptiste, n’est-ce pas ? Il est très intimidé par elle. De plus en plus intimidé, dans la mesure où il aime de plus en plus. Alors, je ressentais tout à fait ces impressions. Jean-Louis Barrault (Propos recueillis par Michel Souvais).
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Michel Souvais (1946-2012) touchait avec bonheur aux joies de l’écriture, de la comédie et de la peinture. Né dans l’île de la Cité, à Paris, Il était vosgien par son père et valdotain par sa mère, petite-fille présumée de la Goulue.
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Autres livres des éditions Dualpha disponibles
Gaston Couté – Suppléments d’information, Alain Renault, 202 pages,19 euros. L’Âge d’or de la comédie musicale américaine, Nicolas Bonnal & Tetyana Popova-Mozovska, 274 pages, 29 euros. Hitchcock et les femmes, Nicolas Bonnal, 212 pages, 25 euros.
Régisseur de cinéma, Jean Pieuchot, 442 pages, 35 euros.
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