|
|
|
Donald Trump a été le 45e président des États-Unis du 20 janvier 2017 au 20 janvier 2021 ; il a ensuite été battu par Joe Biden qui lui a succédé à la Mason-Blanche et est à nouveau candidat à l’élection présidentielle de 2024 contre celui-ci. À l’été 2024, au moment de la réédition de ce livre paru en 2016, Donald Trump défraie la chronique en échappant, le samedi 13 juillet, à une tentative d’assassinat par balle survenue au cours d’un meeting en Pennsylvanie ; il est seulement blessé à l’oreille, tandis qu’un homme de 50 ans est tué et deux autres personnes grièvement blessées. « Par son rayonnement mondial et la haine imbécile suscitée, Donald Trump incarne le dernier sanglot de l’homme blanc, peu à l’aise dans un monde qui n’est plus le sien »
Essayiste et chroniqueur politique entre autres sur le site EuroLibertés, Nicolas Bonnal est l’auteur de monographies (Tolkien, Mitterrand, Annaud,…) et d’une dizaine de livres sur l’histoire et les grands noms du cinéma (Hitchcock, Kubrick, Ridley Scott).
Entretien avec Nicolas Bonnal, auteur de Donald Trump, le candidat du chaos (éditions Déterna) paru sur le site EuroLibertés. (propos recueillis par Fabrice Dutilleul).
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pourquoi avoir écrit un livre sur Donald Trump ? Pour profiter de son succès ? Pour deux raisons essentielles, en fait… D’une part, la campagne présidentielle américaine en 2016-2017 a été la plus intéressante de ces dernières décennies. C’est ce que dit le célèbre animateur de radio et de télévision américain Larry King qui a aussi déclaré que Donald Trump est un « moghol », un grand du monde médiatique et charismatique. À l’époque, ses rivaux étaient Bernie Sanders, d’extrême-gauche et Hillary Clinton, candidate officielle de « l’empire humanitaire », très impopulaire. Cet « empire » est en crise, comme le reste du monde. Le programme chaotique et contradictoire de Trump reflète ce malaise et cette folie américaine. Ensuite, parce que je voulais depuis longtemps écrire un livre sur les USA, qui traite de sujets politiquement incorrects. C’est-à-dire ? Du refus de l’immigration par exemple. L’Amérique de souche s’est fait imposer la conception du Melting Pot et la notion de refuge pour masses opprimées. Au début du XXe siècle, un grand mouvement antimigratoire se dessine, qui aboutit aux lois Harding et qui refuse en Amérique les immigrés balkaniques, italiens, slaves ou autres. Les Américains de souche, soit les descendants des coloniaux, n’ont jamais été tous contents de se voir peu à peu remplacés sur leur sol, surtout après la suicidaire et humanitaire Guerre de Sécession. Il y a donc depuis un malaise perpétuel et Donald Trump le reflète presque involontairement – mais messianiquement –, d’où la haine qu’il inspire. Le sujet Trump évoque pour vous les sites libertariens et la théorie de la conspiration… Les sites américains comme zerohedge.com, economiccollapse ou prisonplanet, sont riches et bien informés. Il y a une forte tradition anti-système dans ce pays, alors que, chez nous, tout reste bloqué à droite par le culte républicain de l’État-nation ou du Moyen Âge chrétien ! Trump surfe sur le mécontentement social et politique, intellectuel même. « On » ne veut pas de politiquement correct, et on argumente beaucoup mieux qu’en France où l’on ne comprend pas que l’État-nation en France est une entité hostile depuis longtemps, mais caricaturalement, surtout depuis 1793 et surtout 1870. La république dévore la France comme Saturne ses enfants…
|
|
|
|
|
|
|
|
On s’éloigne de Donald Trump… Pas du tout. Par son rayonnement mondial et la haine imbécile suscitée, Donald Trump incarne le dernier sanglot de l’homme blanc, peu à l’aise dans un monde qui n’est plus le sien. Cela m’a poussé à écrire ce livre pour expliquer les raisons de la colère américaine, où le téléspectateur chauve a remplacé le paysan blond de Steinbeck. Les chiffres de la santé, de la sécurité, du chômage sont cachés dans ce pays encore donné en exemple. Vous ne le prenez pas toujours au sérieux ! Attendez, on est en Amérique, c’est un nabab entouré de belles slaves et un présentateur télé, et c’est son émission dénommée L’Apprenti qui en a fait une star, avec son train de vie à la Ronaldo ! Trump est un riche mondialisé, cosmopolite qui joue au populiste casanier. D’où ses contradictions (plus ou moins de guerres ?), son manque de sérieux (la guerre à l’Iran, mais pas à l’Irak ?), le vague de ses cibles (la Chine ? le Mexique ?), la provocation stérile (construire un mur avec le Mexique ?). Mais tout cela fait partie de cette atmosphère de chaos que nous évoquons dans notre titre. Vous évoquez la notion d’État profond… Trump en parle peu et il a tort. Car il incarne le recours contre l’État pour ses électeurs révoltés par leur pauvreté soudaine, la répression idéologique et physique, la barbarie médiatique et humanitaire. Aussitôt, Apple, Lady Gaga, le pape François et la Fed se sont levés comme un seul homme (ou comme un seul androïde) contre The Donald soudain revêtu de la personnalité de Daniel Boone ou John Wayne (d’ailleurs les enfants Wayne le soutiennent, tout comme Clint Eastwood). Trump a toujours eu un côté franc-tireur et grande gueule. Par exemple il a dit qu’il n’avait pas besoin des gens de Wall Street, qu’il les connaissait, mais qu’il n’en avait pas besoin. Dans un pays contrôlé par l’argent, cette confession est appréciable. C’est pourquoi il ne faut pas jeter l’eau du bain avec le bébé ! Et ses provocations ? Elles font partie de la panoplie du populiste et elles n’étaient même pas nécessaires pour faire parler de lui. Mais quand il ne provoque pas, il est très bon. Il dit que les négociateurs iraniens sont les meilleurs du monde, parce qu’ils sont perses : quel bel hommage ! Il dit aussi que les négociateurs chinois ridiculisent les négociateurs américains lors des traités de commerce : il est évident qu’il a raison. Et on se retrouve dans une société avec soixante multimilliardaires et cent millions de crève-la-faim. 47 % des Américains n’ont pas 400 dollars de cash devant eux ! On pense là au chercheur en sciences politiques américain Francis Fukuyama… J’aime beaucoup Fukuyama qui mérite d’être lu et relu ! Il a insisté sur la mégalothymie ; cette puissante ambition guerrière et politique à notre époque de tyrannie humanitaire est ce qu’on reproche à Donald Trump. Il dégage une aura de grand blond macho, de mâle alpha sorti du meilleur des mondes, et cela rend fou le système. On verra ce qu’en pense l’électeur même s’il a été suffisamment abruti comme ça. Donald Trump, le candidat du chaos de Nicolas Bonnal, Éd. Déterna, collection « Documents pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 202 pages, 25 €.
|
|
|
|
|