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Entretien avec Bernard Legoux, auteur de La désinformation autour du régime de Vichy aux éditions Atelier Fol’Fer.
Bernard Legoux, ancien élève de l’Ecole navale, capitaine de frégate honoraire, est membre de la Commission française d’histoire militaire. Il s’est lancé, depuis plusieurs années, dans l’étude minutieuse de la France de 1940.
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul, publiés sur le site de la réinformation européenne Eurolibertés).
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Comment vous êtes-vous intéressé au régime de Vichy ? Je me suis toujours intéressé à l’Histoire qui me paraît utile pour mieux comprendre notre vie de tous les jours. Mais je me suis rendu compte que de nombreuses périodes de l’Histoire de France faisaient l’objet de très fortes désinformations. L’Histoire du régime de Vichy est vraisemblablement la période qui a fait l’objet de la plus forte diabolisation de toutes ces périodes. En effet, avant même la signature de l’armistice de juin 1940, le général De Gaulle, réfugié à Londres et bénéficiant des antennes de la BBC, a stigmatisé un armistice pourtant indispensable et a entamé une entreprise de désinformation du gouvernement qui l’avait demandé et s’était sacrifié pour le gérer. Cette campagne de diabolisation du régime de Vichy et du maréchal Pétain a continué pendant toute la durée de la guerre et a entraîné ensuite l’épuration très excessive que nous avons connue en 1944-1945. Pour vous l’armistice était donc indispensable ? Le 17 juin 1940, l’armée française était pulvérisée et sa capitulation sans conditions était inévitable dans un très bref délai. Des millions de civils paniqués erraient sur les routes dans une détresse épouvantable. Les Britanniques s’étaient totalement retirés de la bataille. L’armistice était une nécessité absolue pour protéger les Français dans une inévitable occupation ainsi que les millions de prisonniers emmenés en Allemagne. Hitler a fait une grande erreur de l’accorder en laissant une zone libre, une armée d’armistice et surtout en omettant d’organiser un contrôle sur l’Empire français. Le gouvernement de Vichy a pu ainsi préparer la reprise de la guerre par la France après le débarquement américain de novembre 1942. Vous estimez donc qu’il y a eu une vraie diabolisation ? Il suffit de lire les discours londoniens du général de Gaulle et de les comparer avec les évènements qu’il cite pour en être convaincu. Dès la fin de juin et en juillet 1940, il utilise en permanence des termes insultants pour le gouvernement de Vichy qui fait alors ce qu’il peut pour rendre l’inévitable occupation du pays la moins éprouvante possible pour la population et les prisonniers. Tous les procédés possibles sont utilisés pour stigmatiser Vichy : oubli de l’indispensable coopération avec l’occupant pour gérer le pays en la transformant en collaboration indigne, oubli de la résistance larvée et permanente des gouvernants à l’occupant pour réserver la notion de résistance aux structures inféodées au général de Gaulle, oubli de l’indispensable protection des prisonniers en Allemagne très bien assuré par Vichy, etc.
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Et vous pensez que cette diabolisation a continué après la guerre ? C’est indéniable. C’est toujours du côté des vainqueurs, ou des supposés tels, que vont les chroniques dithyrambiques des évènements. Mais ici, de très nombreuses désinformations ont commencé dès la Libération et ont permis d’ailleurs la sévérité des jugements de nombreux procès dont les déroulements ont été de vrais scandales : juridictions à la légalité douteuse, détentions provisoires interminables, instructions uniquement à charge, partialité des tribunaux, jurys entièrement composés de jurés défavorables à l’accusé, etc. Toutefois on peut noter que si une abondante littérature des années cinquante aux années quatre-vingt était d’inspiration très gaulliste, de très nombreux ouvrages et mémoires des acteurs du régime de Vichy ont pu paraître et introduire un certain équilibre entre les thèses pro et anti-Vichy. Mais il vous paraît que depuis les années quatre-vingt, la situation a évolué ? Certainement et la diabolisation de Vichy a atteint des sommets. Ceci s’est traduit par une abondante littérature et des émissions dans les médias dont la principale caractéristique était de ne tenir aucun compte des très nombreux ouvrages parus auparavant qui établissaient un certain équilibre. Actuellement Vichy est assimilé au mal absolu et au nazisme. La question juive est mise en avant sans cesse pour stigmatiser le gouvernement de Vichy sans tenir aucun compte des immenses contraintes qu’il subissait de la part des SS très bien décrites dans La destruction des Juifs d’Europe de Raul Hilberg. C’est cette désinformation systématique qui vous a incité à rédiger votre ouvrage ? Oui, je suis depuis longtemps indigné de la mauvaise foi et des procédés indignes utilisés pour cette diabolisation. J’ai donc tenté de les analyser en citant notamment la diabolisation des intentions, l’utilisation abusive des archives, l’oubli des témoignages, les omissions volontaires, le refus de tenir compte de l’époque, l’exagération volontaire et malveillante, les affirmations sans preuves, le langage dévalorisant, etc. J’ai ainsi tenté de rétablir une certaine vérité historique. Pensez-vous continuer cette défense du régime de Vichy ? Je viens de terminer un ouvrage dont le titre provisoire est L’indispensable gouvernement de Vichy. Il s’agit d’une histoire brève et facile à lire des principaux épisodes de l’action de ce gouvernement inspirée de L’histoire élémentaire de Vichy de l’amiral Auphan. Cet ouvrage intéresse plusieurs éditeurs et a de bonnes chances de paraître au cours des mois prochains. La désinformation autour du régime de Vichy de Bernard Legoux, éditions atelier Fol’Fer, collection « L’Étoile du berger », 322 pages, 25 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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