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L’historien Bernard Faÿ (1893-1978), spécialiste du XVIIIe siècle et de la Franc-maçonnerie, avait publié, il y a quelque quatre-vingts ans, un livre consacré aux dernières années de la vie de Napoléon, à sa réclusion sur l’île de Sainte-Hélène, qui se situe au large des côtes africaines, à son agonie et à sa mort. c’est une excellente initiative que de le rééditer aujourd’hui, car tous les écrits de Bernard Faÿ présentent de l’intérêt, compte tenu de la stature de cet universitaire et historien, professeur au Collège de France, et administrateur général de la Bibliothèque nationale.
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Pourquoi cet ouvrage sur la toute dernière période de la vie de Napoléon, et jusqu’à ses derniers instants ? L’auteur cherche avant tout à comprendre la psychologie des personnalités retenues à Sainte-Hélène dans des circonstances tout-à-fait extraordinaires. La vie de ces reclus se déroule en vase clos, c’est une vie artificielle. Bernard Faÿ nous raconte comment Napoléon essayait de préserver les apparences d’une autorité : mais ce n’était qu’un artifice qui tenait au bon-vouloir de ses gardiens, à commencer par Hudson Lowe (1769-1844), le pénible et tatillon gouverneur britannique de l’île. L’Empereur devait arbitrer d’incessants conflits de personnes et des questions de préséance au sein de sa garde rapprochée, en particulier entre les généraux Bertrand, Gourgaud et de Montholon, tandis que le fidèle Las Cases s’efforçait de recueillir les moindres mots de son Grand Homme ; sa proximité avec l’Empereur n’était pas sans susciter de terribles jalousies. Malgré ses préventions à l’égard de celui qui fit enlever et assassiner le duc d’Enghien, Bernard Faÿ est subjugué par le personnage, par ses qualités de réformateur et de rassembleur, par les fidélités qu’il a su susciter, et par la place qu’il a fait jouer à la France, en Europe, c’est-à-dire au monde entier, pendant la période de l’Empire. Il admire aussi la façon dont Napoléon raconte son règne, cherchant à en graver les temps forts dans le marbre. Bernard Faÿ reconnait ainsi à l’Empereur une place éminente qui, comme pour Saint Louis ou Louis XIV, continue à rejaillir positivement sur notre pays. Éditions Déterna, préface de France Bergeron, 118 pages, 19 euros, Très nombreuses illustrations, dont 12 aquarelles des funérailles de l’empereur.
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Introduction et notes de Louis Madelin, de l’Académie française Les lettres connues, écrites dans le style le plus familier, donnaient bien la note qui avait dû être celle de la correspondance intime. L’ensemble des lettres retrouvées constitue une sorte de journal quotidien de Napoléon pendant les campagnes de 1812, de 1813 et de 1814 et, partant, un document unique. « Ils s’écrivaient chaque jour, souvent plusieurs fois par jour… C’est le caractère, le tempérament, le génie et l’âme même ! Là devant, on ne suppose ni ne déduit : l’homme apparaît (…) À côté (des lettres officielles), chaque jour, il y a les lettres familières et intimes que Napoléon adresse à sa chère Louise, à sa bonne Louise (…) Pensez qu’il lui écrivait du champ de bataille de la Moskowa, devant Moscou flambant, des bords de la Bérésina, de Lutzen, de Bautzen, et le soir de Champaubert, et le soir de Montereau, et de Fontainebleau quand il allait s’empoisonner » (Frédéric Masson). Éditions Dualpha, 336 pages, 31 euros.
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Écrits de Napoléon Bonaparte
Présentation d’Octave Aubry, de l’Académie française, postface de Bernard Plouvier. « La paix doit être le résultat d’un système bien réfléchi, fondé sur les vrais intérêts des différents pays, honorables à tous, et ne peut être ni une capitulation, ni le résultat d’une menace. » On a souvent désiré voir en Napoléon un primaire. Cela est faux. Il a reçu, à Brienne, puis à l’École Militaire de Paris une instruction assez complète, avec des lacunes : quelle instruction n’en a pas ? Quand il entre au régiment de La Fère, il sait à peu près, en tenant compte de la diversité des temps, ce que sait un jeunes de Saint-Cyr. Mais c’est lui alors qui, dans les loisirs de sa première garnison, Valence, loisirs augmentés par son isolement et sa pauvreté, s’aperçoit qu’il ne sait pas grand’chose. Pendant cinq ans, il ne cesse de lire, d’annoter, de remplir ses cahiers de son griffonnage. Il refait son instruction entière. Sa mémoire sans égale retient tout, dans le plus étonnant détail. Cette passion de lecture durera sa vie entière. Tout lui sera bon : histoire, science militaire, romans, poésie, théâtre, philosophie, études religieuses, rapports administratifs, législation… Dans son cabinet des Tuileries, dans chaque déplacement, à l’armée même, plus tard en exil, il lira toujours. Un savoir immense se logera peu à peu dans sa tête ordonnée et méthodique. Napoléon deviendra ainsi l’un des hommes les plus instruits, les plus cultivés de son siècle. Éditions Dualpha, 264 pages, 37 euros.
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La nostalgie de l’Empire de Jean-Claude Valla
Maintes fois Napoléon s’est posé en successeur de Charlemagne, mais beaucoup d’historiens n’y ont vu qu’une manifestation de son orgueil. Oublieux de la longue mémoire et dédaigneux des mythes, les meilleurs spécialistes n’ont pas pris la peine de tirer le fil d’une tradition qui irrigue l’histoire de l’Europe depuis « l’effondrement » de l’empire romain d’Occident au V° siècle et sa « restauration » par Charlemagne trois cents ans plus tard. Or, c’est cette nostalgie de l’empire qui permet de comprendre l’aventure napoléonienne. Les Français, il est vrai, ont enfermé Charlemagne dans une vision hexagonale – et anachronique – de leur histoire. Ils ont oublié que plusieurs de leurs rois avaient tenté de ravir le titre impérial aux Habsbourg (Philippe le Hardi, François Ier, Louis XIV) ou de récupérer par la force tel ou tel fief de Charlemagne, en s’appropriant la prétendue mission divine des Francs (Charles VIII). Lorsque Napoléon se fait proclamer empereur en mai 1804, ceint la couronne des Lombards un an plus tard et se pose en suzerain des rois de l’Europe, c’est bien de Charlemagne, empereur d’Occident, dont il s’inspire. Puis, lorsqu’il fait attribuer à son fils le titre de roi de Rome et qu’il engage avec le Saint-Siège un bras de fer qui se nourrit des mêmes arguments que la querelle du Sacerdoce et de l’Empire (1154-1250), ce sont alors les empereurs germaniques qu’il prend pour modèles. Fils indigne des Lumières, Napoléon s’est servi des utopies de 1789 avant de chevaucher des mythes qui en étaient la plus éclatante négation. À l’aune du revirement accompli en quelques années – retour au principe monarchique et affirmation d’un grand dessein européen –, nous pouvons imaginer ce que le Premier Empire aurait pu devenir si le destin lui avait accordé la paix et la durée. La Révolution, bien malgré elle, avait accouché d’un parricide et d’un démiurge. Éditions, 124 pages, 23 euros.
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Napoléon et les Juifs de l'abbé Joseph Lémann
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Franc-Maçon, jacobin, Napoléon avait tout pour plaire aux Juifs. Ils ont favorisé son ascension au pouvoir suprême. En retour, ils attendent de lui qu’il les favorise et, surtout, leur donne une égalité pleine et entière de droits. Les Juifs découvrent avec étonnement que l’Empereur est moins malléable que ne l’avaient été les assemblées révolutionnaires. Il est vrai que les Juifs sont l’objet de critiques acerbes. L’Empereur n’hésite pas à dire au Conseil d’État : « On ne se plaint point des protestants et des catholiques, comme on se plaint des Juifs. C’est que le mal que font les Juifs ne vient pas des individus, mais de la constitution même de ce peuple : ce sont des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France. » Napoléon veut que les Juifs deviennent des citoyens comme les autres. Pour cela, il convoque une assemblée des notables israélites dont les décisions seront adoptées par le Grand Sanhédrin. Cette décision indigne les chrétiens de toutes confessions. Le Saint Synode fait lire dans toutes les églises de Russie une proclamation : « Pour achever d’avilir l’Église, Napoléon a convoqué en France les synagogues juives, rendu aux rabbins leur dignité et fondé un nouveau Grand Sanhédrin hébreu, le même infâme tribunal qui osa condamner à la croix notre Seigneur Jésus Christ. » Ces « états-généraux » des Juifs que l’Empereur convoque reçoit pour mission de gommer les particularismes israélites afin que cette communauté mal vue des Français se fonde dans la nation pour s’y dissoudre. Cet ouvrage magistral de Joseph Lémann est le dernier de la série consacrée par l’auteur à l’entrée des Israélites dans la société française. L’auteur dévoile tous les aspects méconnus de l’étrange face à face où Napoléon, géant de l’histoire humaine, a affronté le peuple juif. Éditions de l'Æncre, 304 pages, 31 euros.
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Nos nouvelles parutions
Pour une révolution aristocratique de Louis FurietEssai de philosophie morale et politique… La magnanimité, ou grandeur d’âme, peut se définir comme une certaine force dans la poursuite des plus grands biens de l’âme, ou biens spirituels. Elle s’identifie au sommet de la vie morale, à la perfection humaine. L’auteur nous démontre qu’une magnanimité accessible à tous n’a de sens que dans une démocratie organique. Éditions L'Æncre, Préface de David L’Épée, 142 pages, 21 euros. Pour obtenir ce livre, cliquez ici.
Ecce homo de Louis-Claude de Saint-Martin« Ce petit livre qui parut en 1792 a gardé sa valeur et reste actuel. Les mêmes déviations contre lesquelles Louis-Claude de Saint-Martin mettait en garde ses contemporains se perpétuent aujourd’hui. Et il est toujours combien nécessaire que les hommes soient rappelés à la vraie spiritualité qui est toute intérieure, au seul chemin qui est la “voie étroite”, au seul Médiateur qui est le divin Réparateur » (Paul Dérain). Éditions Déterna, 12 pages, 19 euros. Pour obtenir ce livre, cliquez ici. Miribel et Freycinet (1888-1893) de Witold ZaniewickiDoctrine de l’École de Guerre En 1870, il n’existait en France aucune Doctrine de Guerre : les combats étaient imposés par l’ennemi, les missions n’étaient pas définies, les troupes manœuvraient en masse comme sur le polygone d’instruction. Les Allemands, au contraire, attaquaient par petits éléments, profitaient du terrain et obéissaient à une impulsion commune issue de la doctrine de leur État-Major. Pour essayer de donner aux officiers français cette « communauté de pensée, cette doctrine commune », on créera l’École de Guerre. Au manque d’unité doctrinale s’oppose le travail pratique de Freycinet, aidé de Miribel et de l’État-Major de l’armée. Ils voient en effet dans la nation armée, caractérisée par l’emploi des réserves, le facteur primordial de la guerre future. Éditions Dualpha, 144 pages, 21 euros. Pour obtenir ce livre, cliquez ici.
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