Description
Maintes fois Napoléon s’est posé en successeur de Charlemagne, mais beaucoup d’historiens n’y ont vu qu’une manifestation de son orgueil. Oublieux de la longue mémoire et dédaigneux des mythes, les meilleurs spécialistes n’ont pas pris la peine de tirer le fil d’une tradition qui irrigue l’histoire de l’Europe depuis « l’effondrement » de l’empire romain d’Occident au V° siècle et sa « restauration » par Charlemagne trois cents ans plus tard. Or, c’est cette nostalgie de l’empire qui permet de comprendre l’aventure napoléonienne.
Les Français, il est vrai, ont enfermé Charlemagne dans une vision hexagonale – et anachronique – de leur histoire. Ils ont oublié que plusieurs de leurs rois avaient tenté de ravir le titre impérial aux Habsbourg (Philippe le Hardi, François Ier, Louis XIV) ou de récupérer par la force tel ou tel fief de Charlemagne, en s’appropriant la prétendue mission divine des Francs (Charles VIII).
Lorsque Napoléon se fait proclamer empereur en mai 1804, ceint la couronne des Lombards un an plus tard et se pose en suzerain des rois de l’Europe, c’est bien de Charlemagne, empereur d’Occident, dont il s’inspire. Puis, lorsqu’il fait attribuer à son fils le titre de roi de Rome et qu’il engage avec le Saint-Siège un bras de fer qui se nourrit des mêmes arguments que la querelle du Sacerdoce et de l’Empire (1154-1250), ce sont alors les empereurs germaniques qu’il prend pour modèles.
Fils indigne des Lumières, Napoléon s’est servi des utopies de 1789 avant de chevaucher des mythes qui en étaient la plus éclatante négation. À l’aune du revirement accompli en quelques années – retour au principe monarchique et affirmation d’un grand dessein européen –, nous pouvons imaginer ce que le Premier Empire aurait pu devenir si le destin lui avait accordé la paix et la durée. La Révolution, bien malgré elle, avait accouché d’un parricide et d’un démiurge.
Du même auteur
chez le même éditeur
collection « Les Cahiers Libres d’Histoire »
La Cagoule 1936-1937, n°1, 2000 ; 2e éd. 2010
L’extrême droite dans la Résistance, n°2, partie. 1, 2000 ; 2e éd. 2010
L’extrême droite dans la Résistance, n°3, partie 2, 2000 ; 2e éd. 2010
Le pacte germano-sioniste (7 août 1933), n°4, 2001 ; 2e éd. 2013
La gauche pétainiste, n° 5 et 6, 2001 : 2e éd. en 1 seul volume, 2017
La France sous les bombes américaines (1942-1945), n°7, 2001 ; 2e éd. 2017
Ces Juifs de France qui ont collaboré, n°8, 2002 ; 2e éd. 2010
La Milice – Lyon 1943-1944, n°9, 2002 ; 2e éd. 2011
Ledesma Ramos et la Phalange espagnole, n°10, 2003 ; 2e éd. 2013
Georges Valois, de l’anarcho-syndicalisme au fascisme, n°11, 2003; 2e éd. 2017
La nostalgie de l’empire, n°12, 2004; 2e éd. 2017
Les socialistes dans la Collaboration, n°13-14, 2006 ; 2e éd. 2015