Description
Doctrine de l’École de Guerre
En 1870, il n’existait en France aucune Doctrine de Guerre : les combats étaient imposés par l’ennemi, les missions n’étaient pas définies, les troupes manœuvraient en masse comme sur le polygone d’instruction. Les Allemands, au contraire, attaquaient par petits éléments, profitaient du terrain et obéissaient à une impulsion commune issue de la doctrine de leur État-Major.
Pour essayer de donner aux officiers français cette « communauté de pensée, cette doctrine commune », on créera l’École de Guerre.
Ce n’est que sous le premier ministère civil de la guerre, celui de Freycinet, qu’apparaissent vraiment des idées tactiques et stratégiques cohérentes.
Pour recevoir et appliquer cette doctrine Freycinet crée, en 1890, l’État-Major de l’armée. Mais la doctrine en passant de l’École à l’État-Major se transforme ; dans un esprit de défense nationale, le chef de cet État-Major, le Général de Miribel, applique les principes de stratégie défensive préconisée par Clausewitz, tenant compte en même temps de travaux de fortifications des officiers du Génie et des plans de ses prédécesseurs. Cette doctrine défensive correspond d’ailleurs à la résistance dont la France est capable contre une invasion étrangère.
Il y a donc en France entre 1888 et 1893 deux doctrines de guerre différentes, celle de l’École de Guerre remaniée par un courant révisionniste, qui préconise une tactique offensive, celle de l’État-Major de l’armée qui établit ses plans suivant une stratégie défensive.
À ce manque d’unité doctrinale s’oppose le travail pratique de Freycinet, aidé de Miribel et de l’État-Major de l’armée. Ils voient en effet dans la nation armée, caractérisée par l’emploi des réserves, le facteur primordial de la guerre future.
« L’intérêt de ce livre n’est pas seulement historique car certains débats de l’époque ressurgissent régulièrement en ce début de millénaire, dans un contexte bien différent, autour d’une doctrine européenne de la défense, d’une approche offensive ou défensive, de la nécessité ou non de réserves prêtes au combat, etc. La guerre en Ukraine a ramené sur le devant de la scène militaire et politique la nécessité d’une pensée stratégique et tactique basée sur l’expérience » (La lettre du crocodile, mars 2024).
Du même auteur
chez le même éditeur
L’Armée Polonaise clandestine en France (1942)
L’évolution des formes de la guerre du XVIIIe au XXe siècle
Miribel et Freycinet (1888-1893)