« La question de l’identité familiale, celle de l’identité personnelle au sein de la famille et plus largement dans la vie, Breton et Français, identités formelles, mais plus encore de leurs oppositions éventuelles, voilà ce qui aura d’abord aiguisé ma curiosité et mon intérêt pour les fondements de l’identité »
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Quelles sont raisons qui vous ont poussé à écrire sur les identités ? La question de l’identité s’est posée à moi très tôt, dès mes débuts d’écolier. D’origine bretonne, je le fis savoir ou valoir très tôt à l’école, dès mon entrée en primaire, pour en être fier et pouvoir me distinguer. Aussi, né et vivant les mois de ma scolarité dans la capitale, j’étais pour mes camarades « Breton à Paris » et « Parisien en Bretagne » où je passais mes vacances. Les enfants ne sont pas tendres et leurs quolibets ne sont pas des plus fins, aussi à la récréation, m’envoyait-on à la figure des « Bretons, têtes de cons » et pendant mes grandes vacances des « Parisiens, têtes de chiens ! » Mon père n’était pas le seul dans la famille a avoir le culte de ses origines et lors des veillées bretonnes à écouter les anciens, il n’était question que de généalogie, « de ce qu’on avait été et ce qu’on était », de notre ancienneté, à se positionner dans le temps et dans les hiérarchies sociales à toutes époques. Bretons avec des origines irlandaises, j’ai été très tôt sensible à la cause irlandaise et à ce qu’elle recouvrait, en conséquence de quoi, j’ai approché à 20 ans les mouvements identitaires bretons et celtiques, des mouvements hauts en couleur et riches en verbe. On parlait de Nations celtiques quand on évoquait les identités bretonne, écossaise, galicienne, irlandaise… La question de l’identité familiale, celle de l’identité personnelle au sein de la famille et plus largement dans la vie, Breton et Français, identités formelles, mais plus encore de leurs oppositions éventuelles, voilà ce qui aura d’abord aiguisé ma curiosité et mon intérêt pour les fondements de l’identité. Mais pourquoi un essai sur les identités aujourd’hui ? Il est un temps pour tout, et pour m’être interrogé sur ce qui tournait autour de la question de l’identité, d’écrire sur le sujet me démangeait. J’avais envie de faire partager mon approche à des lecteurs eux-mêmes préoccupés par les dangers encourus par certaines de celle-ci, dont en premier lieu l’identité nationale, un des fondements essentiels de notre identité. Parler d’identité paraît plutôt banal tant le terme est ordinaire et couramment employé ? J’ai opté pour un développement didactique parce qu’il fallait aller à la racine pour tenter un développement sur un sujet qu’il faut bien dire inépuisable… Et derrière chaque évidence quand il s’agit d’identité, se posent des questions en retour. On nomme les êtres et les choses au regard de ce qu’elles sont ou paraissent être. Mais alors, « Ce qui n’a pas de nom n’existe pas », comme l’a pu dire Boileau, maxime et constat repris ou exploité depuis par qui veut dénoncer de présupposées discriminations ou l’absence de nuances dans les dénominations. Ainsi, aujourd’hui, sujet d’actualité et préoccupations pour les défenseurs de notre langue, les porteurs de l’écriture inclusive se sont appuyés sur ce principe, et il y a quelques mois le Haut Conseil à l’Égalité a publié un guide pratique sans stéréotypes sexistes… Aussi, ai-je considéré qu’il n’était pas possible de traiter des questions d’identités sans tenter d’en faire le grand tour et aller chercher plus loin ou derrière ce qu’occultait leurs premières réponses. Vous invitez-donc vos lecteurs à parfaire leurs connaissances ? Je les invite à me suivre dans mon cheminement de pensée et à prendre au passage des informations qui leur auront peut-être échappées. Si je cite des évidences et traite des questions que nous sommes tous à même de nous poser, celles-ci sont ordonnées et chapitrées. Je m’appuie par ailleurs sur des concepts qu’il est peut-être utile de rappeler. L’identité marque la différence autant que la ressemblance. Les identités étant plurielles, elles sont formelles, individuelles, personnelles, sexuelles, ou collectives. Nous sommes Français : Y-a-t-il une identité française ? Nous sommes européens : y-a-t-il une identité européenne ? Je suis un internaute : que revêt mon identité numérique ? Ne confond-t-on pas souvent identité et personnalité ? Comment se construisent les identités ? En quels cas, celles-ci s’altèrent ? Ne craignez-vous pas d’être suspecté d’avoir des arrières-pensées en vous attaquant à un thème aussi sensible aujourd’hui ? Par son caractère polysémique, l’identité désoriente et pour beaucoup son emploi est hasardeux. Elle rapproche comme elle peut éloigner. Elle peut blesser, ostraciser, écarter. Il serait donc malaisé, si ce n’est pas malsain d’en parler… Vous craignez pour moi des préjugés à la lecture du titre ? Mais dans cet ouvrage, ce n’est pas une ou des opinions qui me seraient propres que je formule, mais des faits, des chiffres fondés, des analyses, des préoccupations justifiées et nombre de propos et citations de célébrités. Ce qu’en ont dit nos grands auteurs, psychologues, sociologues, philosophes, et quels ont été leurs concepts sur le sujet quand ils en ont conçus, m’est apparu essentiel. J’ai ajouté ou mêlé à mon propos des digressions ciblées qui, à mon sens, donnent sens et matière quand on aborde les crises que traversent nos identités, dont l’identité nationale qui, fondamentale, devrait être au cœur de nos préoccupations. Je ne suis en rien polémiste, je me suis astreint à un maximum d’objectivité, surtout quand j’aborde les crises identitaires d’importance sévissant tant en France qu’en Europe. Mon ouvrage offre un prérequis aux lecteurs qui en éprouveraient le besoin pour poursuivre leur réflexion et je les invite à une large prise de conscience, tant sur l’impact que sur les conséquences de l’importation d’identités culturelles qui leur sont étrangères, tant pour eux, que pour leur pays. Jean de Saint-Houardon, auteur du livre Discours sur les identités aux éditions Dualpha, collection « Insolite », 232 pages, 25 euros.
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