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Le christianisme fait aujourd’hui parti des legs européens, mais n’en n’est qu’une manifestation culturelle…
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On peut être surpris des longs développements que vous consacrez à la « religion naturelle » celtique J’essaie en effet de réhabiliter ce que le christianisme, religion extraeuropéenne faut-il le rappeler, sans lien avec les identités de l’Europe, a méthodiquement détruit et ridiculisé, alors que combien de rites ou manifestations chrétiennes sont aussi invraisemblables que celles moquées par le christianisme sur les « superstitions » ou crédulités dites « païennes » ? La religion naturelle identitaire de l’Europe n’est pas le christianisme, même si 1500 ans de bourrage de crâne ont imprégné de prétendues vérités bibliques ou évangéliques. Le christianisme fait aujourd’hui parti des legs européens, mais n’en n’est qu’une manifestation culturelle. Vous évoquez souvent la « frontière infranchissable » entre l’homme et la Nature… Oui, c’est le fond de tout. La religion naturelle polythéistes considérait que l’homme est une partie intégrante de la Nature et lui doit obéissance. Le christianisme, puis les Lumières et leurs suiveurs modernes rejettent totalement cette idée fondamentale et place l’homme au-dessus de la Nature, devant la dominer, la briser pour son bon plaisir, puisque l’homme a été sacralisé et quasiment déifié. C’est la plus grande catastrophe philosophique qui nous est arrivé. Les conséquences sur la pensée politique sont considérables. Le problème est que cette inversion de la pensée est extrêmement difficile à faire admettre à des peuples lobotomisés auxquels on a fait croire à la vérité absolue qui leur est dispensée depuis deux siècles notamment. Votre thèse n’est-elle pas utopique et éloignée des réalités actuelles ? Elle est au contraire une explication implacable du désastre civilisationnel que nous vivons en Europe, face à une religion, notamment, triomphante et fière d’elle-même. Quant à l’« utopie » que vous évoquez, je dirais plutôt « don quichottesque », tant rapprocher les Européens de leur religion d’origine ressemble à une gageure en effet, après qu’elle eût été tant ridiculisée parce qu’elle faisait peur au nouveau pouvoir chrétien. Si l’Europe doit mourir de sa désacralisation, sans religion propre, sans croyances fortes et sans fierté, c’est que ses peuples ne méritaient pas de survivre. C’est là aussi la grande Loi de nature : les plus faibles doivent disparaître. Tant pis pour eux. Malheureusement pour l’Europe. La nouvelle Tour de Babel, Richard Dessens, Éditions Dualpha, collection « Patrimoine des héritages », 130 pages, 21 €.
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