Son seul livre « politique »… et encore !
(extrait de l'article "Jean Mabire, un « horsain » en politique" par Philippe Randa, pau dans le Bulletin des amis de Jean Mabire) « Qu’est-ce que La torche et le glaive ? L’auteur s’en est expliqué lors de la première réédition dans un avant-propos titré « Trente ans après… » : « La plupart des textes réunis dans ce livre ont été écrits voici une trentaine d’années, particulièrement en 1964, ce qui justifie le titre de cet avant-propos, où l’allusion à un des plus célèbres romans d’Alexandre Dumas est évidente. Publié en 1966 par les éditions Saint-Just comme premier volume de la collection Europe, qui borna là ses activités éditoriales, un recueil regroupait dix-huit de mes articles que l’on qualifiait de “politiques” – d’où le titre L’écrivain, la politique et l’espérance, dont je n’étais pas particulièrement satisfait, me considérant comme artisan plus que comme artiste et restant rebelle à ce que la plupart des gens nomment la politique. Ce petit livre était devenu introuvable et quelque peu mythique. Après de longues hésitations, j’ai décidé de le publier à nouveau, en y ajoutant dix textes datant de cette époque, à quelques années près. En le confiant aux éditions Déterna, j’en profite pour changer le titre. Celui que je lui donne n’est pas de moi : il le reprend à un article que Gabriel Matzneff, dans le journal Combat, consacra naguère à une de mes chroniques. Ce n’est pas un très bon titre non plus, même s’il évoque l’indispensable conjonction de la pensée et de l’action, pour moi inséparable de toute vie militante. » La dernière phrase est d’importance : « l’indispensable conjonction de la pensée et de l’action, pour moi inséparable de toute vie militante » : elle résume assez bien la « métapolitique » comme la concevait Jean Mabire : pensée, action, militantisme. Mais à chacun sa place : militant politique, Jean Mabire l’aura été, certes, indubitablement, mais… à sa manière. Deux souvenirs me reviennent : Le référendum sur le traité européen en 2005 D’abord, celui du troisième référendum sur le traité européen. C’était en 2005, donc… Européens convaincus (et fiers de l’être), nous nous demandions, Jean et moi, s’il fallait voter NON, ce qui renforcerait le camp des anti-européens, ou OUI et nous retrouver dans celui de tous ceux dont nous détestions par ailleurs aussi bien les opinions que les méfaits politiques. Un véritable dilemme. Nous hésitions, ce qui n’était pas notre habitude… jusqu’au moment où j’apprenais à Jean que tel chanteur à la mode – dont les insupportables engagements politiques se nourrissaient de souffrances historiques qui ne l’avaient pourtant guère concerné, étant né de l’autre côté de la Méditerranée – appelait à voter OUI. Nous vôtames donc… NON ! d’un même élan et avec l’assurance qu’il ne nous était pas possible de faire autrement. Jean Mabire et la Franc-maçonnerie Un jour, je lui demandais : — Au fait, tu penses quoi de la Franc-Maçonnerie ? On n’en a jamais parlé ! Il eût un sourire amusé et me répondit : — Ce qui est drôle, c’est que beaucoup de mes amis sont persuadés que j’en fais parti et préfère donc ne pas aborder le sujet avec moi… et beaucoup d’autres, sachant que ce n’est pas le cas, souhaitent surtout que je n’y entre pas. — Mais tu en penses quoi ? — À l’époque où l’église était toute puissante dans la société, entrer en Maçonnerie était sans doute un moyen, presque le seul, de ne pas avoir à lui rendre de comptes. La Torche et le Glaive, Jean Mabire, éditions de l'Atelier Fol'Fer, collection « Vox populi », 272 pages, 29 €.
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