Description
« À sa parution, en 1926, ce livre de Henri Massis eut un certain écho. À l’aide de conceptions élaborées, mais claires, et avec une documentation prodigieuse en citations et références, il présentait clairement et substantiellement un problème fondamental : l’orientation de plus en plus extra-européenne de l’Allemagne, ses accointances grandissantes avec des mouvements venus de l’Est, comme le bolchevisme et l’irrationnalisme asiatique. Massis définissait l’un des facteurs fondamentaux de la réflexion des années 1920, décennie beaucoup plus riche et beaucoup plus “ouverte” que la décennie suivante, figée dans l’antagonisme conceptuel des idéologies, avec les totalitarismes et leur affrontement avec les démocraties qui allaient déboucher sur la guerre » (www.dedefensa.org).
Extrait d’un texte de Thierry Giaccardi, est paru sur le site du Cercle Jeune France à l’été 2007, publié sur maurrassianna.free.fr : « L’ouvrage commençait par cette célèbre phrase : “Le destin de la civilisation d’Occident, le destin de l’homme tout court, sont aujourd’hui menacés”. On peut sans doute trouver aujourd’hui ce genre de déclarations péremptoires, tant du point de vue de la forme que de celui du fond. Néanmoins l’ouvrage eut un retentissement certain durant les années de l’entre-deux-guerres, et il serait regrettable que nous ne lui accordions pas l’attention qu’il mérite en ce début de siècle (…)
Massis s’intéresse à tous les dangers qui pourraient affaiblir l’Europe. Il affirme avec une certaine solennité : “Nous ne méconnaissons pas pour autant les menaces mortelles qui pèsent sur l’Europe”.
Or, selon lui, les hommes d’esprit sont mieux préparés que les gouvernants. Ces derniers semblent ne prendre conscience des menaces qu’après que celles-ci sont devenues des dangers imminents. D’où ce jugement : “Les gouvernants eux-mêmes, si dénués d’imagination qu’on les suppose, si enclins qu’ils soient à méconnaître les réalités spirituelles, à ne pas tenir compte de ces crises de sentiments et d’idées qui s’élaborent au plus intime des âmes où les grands changements historiques se préparent et s’annoncent, les gouvernants semblent soudain s’apercevoir du danger.”
En revanche, les hommes d’esprit qui se livrent aux méditations et qui connaissent les “réalités spirituelles” seraient les mieux préparés : c’est une affirmation radicale. Comment Massis définit-il ces hommes d’esprit ? Comme des “observateurs, attentifs aux accords des idées et des faits, (qui) ont pu justement tirer (ces prévisions trop précises) de l’expérience, de la nature des choses et des analogies de l’histoire”. »
Henri Massis (1886-1970) est un essayiste français, critique littéraire et historien de la littérature. Il s’est longuement consacré au journalisme, faisant ses débuts à L’Opinion avant d’être rédacteur en chef à la Revue universelle de 1920 à 1936, puis directeur de ce même journal de 1936 à 1944. La revue s’installe à Vichy en 1940 et y défend la collaboration. Durant la IIe Guerre mondiale, Henri Massis, membre du Conseil national mis en place par Vichy, obtient la Francisque. Son nom figure dans la Liste des écrivains indésirables dressée par le Comité National des écrivains en 1944. Néanmoins, en retrait, il échappe à l’Épuration. Après la guerre, il se consacre en particulier à des études biographiques, s’intéressant entre autres à Renan, Barrès, Proust et Salazar.
Le 19 mai 1960, il est élu membre de l’Académie française.