Description
Notes écrites à Ksar-es-Souk, à la prison civile de Meknès et à la prison militaire d’Alger.
Le lundi 20 mars 1944, à six heures du matin, sur l’hippodrome d’Alger, un adjudant tirait un coup de revolver – le coup de grâce – dans la tempe d’un homme qui, quelques secondes auparavant, devant le poteau dont il refusait l’appui, avait tenu à commander lui-même le peloton d’exécution. Cet homme était Pierre Pucheu, ancien ministre de la Production industrielle et de l’Intérieur du gouvernement du maréchal Pétain, condamné à mort par le « tribunal d’Armée » d’Alger. La veille de cette exécution dramatique, le général De Gaulle, alors chef du Comité Français de Libération nationale, déclarait aux avocats du condamné : « Je garde mon estime à M. Pucheu. C’est un procès politique, j’en conviens, il n’y a presque rien dans le dossier lui-même… »
Ce drame prend, à sa date, une signification historique marquante, car ce fut là le premier des grands procès de « collaboration ». Il a été retracé par le bâtonnier Buttin dans son livre Le procès Pucheu. Mais la personnalité de Pierre Pucheu, sa pensée et son action politique, son « message » restaient très imparfaitement connus. On les trouvera, fixés pour l’Histoire, dans ces pages qui sont le récit d’une vie et le testament politique d’un père de famille, d’un Français, que l’avenir de ses enfants et de son pays obsède. Le manuscrit en fut, de bout en bout, rédigé au crayon dans les divers lieux d’internement de Pierre Pucheu en Afrique du Nord, de juin 1943 à mars 1944.
Le livre commence par le récit de son évasion mouvementée hors de la France occupée, à travers la frontière espagnole et par le rappel, d’une très émouvante simplicité, de sa jeunesse de petit boursier pauvre, depuis l’échoppe paternelle jusqu’à l’École Normale Supérieure. Puis vient l’entrée de Pucheu au gouvernement de Vichy. Nous participons à son opposition aux empiètement allemands, à sa volonté de reprendre le combat aux côtés des Alliés et d’y entraîner le maréchal Pétain, puis, devant son échec, à sa décision de se mettre à la disposition du général Giraud qui, inconsciemment, l’amena dans cette sorte de guet-apens par lequel, après neuf mois d’emprisonnement et quelques audiences d’un procès prématuré, il devait trouver une mort ignominieuse, mais malgré tout, grâce à lui, d’une incontestable grandeur.
Cette confession bouleversante est rehaussée de portraits de la plus vive lucidité, qui sont d’un véritable écrivain : ceux, par exemple, du maréchal Pétain, de Pierre Laval, de l’amiral Darlan, de François Piétri, du Comte de Paris, des cardinaux Suhard, Gerlier et Liénart – de méditations aussi et de projets de réformes sociales qui montrent que Pierre Pucheu était une tête politique et de vues profondes.
Il n’est pas douteux que Ma vie de Pierre Pucheu restera comme un témoignage humain de premier plan et l’un des documents essentiels de l’histoires des années 1939-1945.