Description
Écrire face à la fenêtre, la neige tombant, les branches chargées, les roses en sommeil. Déposer quelques miettes sur le rebord et aussitôt vous visitent les mésanges, le rouge-gorge solitaire dont l’esseulement est bouleversant. Il ne doit de survivre qu’à lui-même. Joyeux ballet dans le silence où n’être plus que regard.
Contraste de la nuit qui tombe et de la neige blanche, éblouissant les yeux, à se rendre presqu’aveugle. Te chercher dans ce contraste.
Dans l’hiver écrire un poème qui tiendrait pour toujours : une neige éternelle. Un poème qui serait le monde, rassemblant sa lumière, ses pierres, son air, ses vents, ses intempéries, ses chemins, ses forêts, ses pâturages, ses troupeaux, ses faibles voix humaines. Nous ne sommes pas le Poète (l’étoile absinthe, c’est Rimbaud), mais ce pêcheur qui lance ce filet. Ne jamais dévoiler la ferveur qui nous habite lorsque nous rentrons au port. Taire le trouble joyeux du cœur : il permettra le vers et son écho, le courant ininterrompu du sonnet, le mouvement face à l’étroite fenêtre qui donne sur le jardin. Le regard, seul le regard…
Lorsque l’écriture est subalterne, elle échoue. Elle est au centre de notre vie, car nous n’avons jamais cessé de tenter d’aller vers l’essentiel. La poésie, un essai, une ébauche essentiels ? Surtout lorsque l’essentiel est cette herbe seule sur la marche de l’escalier, ce visage du vieillard aux lisières de l’automne, cette joie de l’enfant, cartable au dos, qui sort de l’école, les joues rouges d’avoir vécu un après-midi groseille, le merle perché dans le sureau, la voix presque inaudible qui chemine dans la ruelle, le duvet, sur le seuil, à l’aube, juste sur la trace de l’escargot, etc. et etc. Narration infinie. Notes de clarté obscure. Né d’une longue fréquentation de la solitude blanche, le poème est une cathédrale de silence.
Du même auteur
aux éditions Dualpha
aux éditions Dutan
Les Poudrins de la mémoire
Le Pain d’ortie
[Entre] presque [et] rien
Les poudrins de la mémoire – II