Description
Prix Naji Naaman 2024
Il en est des êtres, comme des bateaux, qui laissent les éléments guider leur destinée et, lassés de la fuite éperdue du temps, gardent au fond de leur cœur une empreinte unique, cicatrice légère ou plus marquée les désignant pour l’éternité comme les gardiens du phare.
Et ces êtres d’exception, qui traversent leur vie comme ces vaisseaux chahutés par les eaux, se retournent parfois sur leur ombre pour n’en garder qu’un souvenir ému ou une image brouillée qu’ils laissent alors derrière eux par la grâce d’un texte – chaînon supplémentaire à leurs chevilles qui les relie à la mémoire-fable du monde.
C’est au pas de et en hommage à ces hommes-oiseaux de passage que l’auteur vous livre ces fragments.
« Les photos ? des portraits exposés, joues rebondies et regards bleus censés séduire ceux qui restent ; dans ces visages léchés et retouchés que des masques mortuaires, maquillés pour l’éternité. Quel démon pousse les photographes, même amateurs, à chercher à tout prix, aux dépens de la vie même, une perfection factice ? quel plaisir éprouvent les gens à contempler, sous verre, sur album, ou sur Smarphone©, ces sourires figés et ces regards vides, pour ainsi dire interchangeables ? J’ai toujours préféré aux photos les souvenirs, si imparfaits et mouvants soient-ils, et toujours détesté personnellement qu’on me vole ainsi dans un instantané une apparence dont j’ai le sentiment, peut-être, qu’elle me trahirait. Et puis, ces images qui arrêtent le temps et font encore vivre sur papier glacé les morts bien après qu’ils nous ont quittés éveillent en moi je-ne-sais quelles sombres superstitions. L’idée qu’on leur vole ainsi quelque parcelle de leur âme en compromettant leur repos éternel, bien qu’absurde sans doute, ne m’est pas étrangère. Le meilleur repos des morts n’est-il pas dans la mémoire vivante de ceux qui les ont aimés ? Ce recueil est ainsi dédié à tous « mes » grands absents, et leurs visages d’arrière-saisons. »
Du même auteur
aux éditions Dualpha
Quand s’allonge la nuit (Anthologie 1984-2024)
aux éditions Dutan
Les Poudrins de la mémoire
Le Pain d’ortie
[Entre] presque [et] rien
Les poudrins de la mémoire – II