Description
Prix algérianiste « Jean Pomier » 2020
Jie JIA nous vient de l’autre bout du monde. De Chine. Pour se pencher sur l’accueil – pas toujours bienveillant – et l’intégration – bien souvent difficile – des Français d’Algérie en métropole après l’exode de 1962.
Il y a eu, certes, des études sur le sujet. Mais dues à des chercheurs français et, de ce fait, très souvent entachées de lourds contentieux franco-français. Jie Jia a quant à elle un regard « neuf ». Ainsi, toute l’originalité de son travail, outre une méthodologie universitaire rigoureuse, tient-elle à une approche anthropologique débarrassée de pré-supposés idéologiques.
La probité de cette étude séduira donc les lecteurs métropolitains, mais aussi, et cela ne compte pas pour rien quand on appartient à une communauté blessée, les pieds-noirs de toutes générations.
Préfacier de l’ouvrage, Pierre Dimech, qui est une référence pour cette communauté justement, salue la délicatesse – chose rare dans des ouvrages scienti-fiques – de l’auteur à l’égard de ces hommes et de ces femmes qui ont connu « un destin singulier ».
Jie JIA, actuellement professeur de français à l’Université des études internationales à Xi’an (Chine), après un Doctorat de l’Université de Wuhan (Chine), fut jeune chercheur d’échange boursière en 2013-2014 avec l’université de Clermont-Ferrand II durant six mois, ce qui lui permit de mener enquêtes et interviews pour sa thèse intitulée : « Pieds-Noirs : Français à part entière ou entièrement à part ? » portant sur l’accueil en France métropolitaine après 1962 et sur la reconstruction identitaire d’une communauté importante de Français avec une histoire singulière.
Le jury du Prix littéraire algérianiste, réuni en télé-conférence suite à la crise sanitaire, le mardi 6 octobre 2020, a attribué le prix algérianiste « Jean Pomier » 2020 à Jie Jia pour « Français à part entière ou entièrement à part ? » (édition Atelier Fol’fer).
Le jury a tenu à récompenser une étude peu habituelle concernant le petit peuple des Français d’Algérie. Ce travail, pour une fois, dénué d’a priori idéologique, vient d’un auteur qui porte un regard neuf sur ce groupe d’exilés. Jie Jia vient de très loin, la Chine, où cette découverte peut être intéressante.
Son pays d’origine où elle enseigne le français, lui confère une certaine probité d’appréciation. Ce travail universitaire structuré et rigoureux se penche particulièrement sur le côté humain et les difficultés qu’ont connues ces Français qu’on a voulu « à part entière ». Ils ne l’ont pas ressenti à leur arrivée. Leur souci de préserver leur identité et leur patrimoine culturel reste la priorité d’un groupe en voie d’extinction. C’est méritoire de le remarquer.
Rappelons que Jie Jia avait obtenu le Prix universitaire algérianiste en 2014 pour sa thèse de doctorat « Français à part entière ou entièrement à part ? Accueil et reconstruction identitaire des Français d’Algérie, de 1962 à nos jours ».