Description
Préface de Madame Hélène Suzannet, membre de l’Amicale des Réseaux de la France combattante. Membre de l’Association des Déportés et Internés Civils pour Actes de Résistance. Présidente du Comité Français de Défense des Droits de l’Homme.
Lors de l’Épuration de 1944-1945, on interdisait aux historiens objectifs et aux vaincus de la Guerre d’écrire une Histoire qui n’était pas seulement l’Histoire des Vainqueurs. La mesure était sans précédent et elle amena Philippe Saint-Germain à rédiger avec son cœur et ses tripes, le récit des prisonniers de l’article 75.
André Frossard et Francine Lazurick eurent le courage de publier les bonnes feuilles de ce document à la une de L’Aurore, assurant à l’ouvrage qui parût iniatialement sous le titre Article 75, une audience inespérée.
Si l’on excepte le remarquable travail de Robert Aron avec Histoire de l’Épuration, aucun manuel scolaire ou traité d’histoire n’apporte une explication valable au fait qu’une famille sur dix, à partir de 1944, se soit trouvée touchée par l’épuration. C’est là une situation unique, rendue plus inquiétante pour les chroniqueurs de l’Histoire contemporaine qui, ainsi, ne disposent pas de documents officiels pour écrire ou dire ce que n’importe quel historien pouvait écrire ou dire de la Terreur deux ans après Thermidor.
D’un côté : les vainqueurs, qui étaient aux affaires, glorifiés par une presse, une littérature qui demeuraient celles du refus de la défaite (refuse-t-on la réalité ?) ; de l’autre : les vaincus qui se sont vus exécutés, proscrits, emprisonnés, taxés d’indignité, et, ce qui est plus grave, empêchés de donner les raisons historiques de leur « intelligence avec l’ennemi » qui ne le fut jamais.
Au milieu, le peuple français, qui n’a jamais collaboré et pas davantage résisté, mais qui a accepté avec le même soulagement le recours à l’homme providentiel, qu’il se nomme Pétain ou De Gaulle. Le reste est littérature. Elle n’a pas manqué, mais il faut encore écrire un chapitre, celui de l’engagement tout aussi pur, tout aussi dangereux, que celui des militants qui avaient choisi la voie de la Collaboration avec les Américains où les Russes. On ne voit pas en quoi il diminuerait le mérite des Résistants, mais il présenterait un visage de Français engagés plus conforme à la réalité.
Auteur de plus d’une centaine d’articles dans la presse collaborationniste, Philippe Saint-Germain fut condamné à cinq années de travaux forcés. Il fut incarcéré à Fresnes, puis dans la maison centrale de Fontevrault.
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