Description
Ce roman a pour cadre l’Amérique latine, qui reste une pépinière de colonels et de généraux aux casquettes impressionnantes, même si les temps ont quelque peu changés. Sans oublier les guérilléros barbus de jadis, et les « narcos » de toujours ! Le titre ne laisse planer aucun doute sur les intentions de l’auteur, qui entraine le lecteur dans les coulisses d’un pouvoir dictatorial aux prises avec un coup d’état. Georges-Alexandre Sadrol, un jeune Français précepteur du fils du chef de l’État, est embarqué bien malgré lui dans une étonnante série d’aventures dans un pays imaginaire, que même l’observateur non averti pourrait retrouver à travers le chapelet des six Républiques d’Amérique centrale.
C’est un ouvrage bien documenté qui nous entraine dans les années 1960, où la passion et la violence éclatent à chaque chapitre. À la fois intrigue amoureuse et péripétie politique, son propos réunit tous les ingrédients d’un roman d’action où transparaissent en filigrane, des personnages réels qui défrayèrent en leur temps la chronique internationale.
Georges-Alexandre retrouvera-t-il Maria, la France et ses… dollars ? Dans quel but son ami Miguel Morales l’a-t-il fait venir au Vulcaragua qui s’étire entre océan Atlantique et océan Pacifique, à deux ou trois heures de vol de Mexico ? Que deviendra le Président Ramon Villares dans la tourmente qui balaye son royaume de jungle, de volcans et de bananeraies, que surveillent d’un œil attentif, à la fois, La Havane et Washington ?
« Un souffle léger froissait à peine le feuillage. Silencieusement, secrètement, trois hommes débarquaient sur la côte Atlantique, et gagnaient la jungle bordant le rivage où venait mourir la hargne des vagues…. »
« Du fait de la tyrannie sanitaire, il sera de plus en plus difficile de sortir et de nombreux lecteurs ne pourront plus quitter l’Hexagone ou même leur quartier. Voilà le moment idéal pour lire ou relire le seul roman de notre collaborateur Jean-Claude Rolinat, Pronunciamiento sous les tropiques, réédité plus de quarante ans après sa première parution en 1980. Ce globetrotter arpentant le monde et nous livrant ses observations et réflexions dans ses ouvrages nous permet de changer d’époque et de continent avec ce roman qui recoupe de nombreuses de ses passions, du voyage aux hommes à poigne et dictateurs de l’Amérique exotique, en nous faisant vivre la trépidante ambiance de l’Amérique centrale des années 1960.
L’histoire est relativement simple : Georges, Français sans grand avenir, est invité par son ami de jeunesse Miguel, devenu entretemps le bras droit d’un potentat d’Amérique latine, à venir s’installer au Vulcaragua, pays imaginaire d’Amérique centrale, pour devenir précepteur du fils du président et lui enseigner le français. Il n’y aurait pas eu matière à roman si sous le soleil ardent et propice à la romance des tropiques, le jeune professeur n’était tombé amoureux de la belle Maria, malheureusement pour lui femme du président-dictateur. Cette amourette serait déjà en soi rocambolesque, mais en plus ce petit pays est en proie à des troubles politiques auxquels tous se trouvent mêlés plus ou moins contre leur gré.
L’intrigue comme telle, relevant du roman de gare, n’est peut-être pas le point central de ce roman : il faut prendre un certain recul et regarder le contexte dans lequel les protagonistes évoluent. L’histoire d’amour est certes intéressante à suivre, mais on croirait à un prétexte pour nous plonger dans les troubles qui secouèrent l’Amérique latine durant la guerre froide. Tous les éléments y sont réunis pour réellement nous faire comprendre la dynamique expliquant l’instabilité politique dans cette région. Rolinat explore notamment le rôle trouble des puissances étrangères, tant les États-Unis que Cuba, sans oublier les pays voisins, ainsi que les néfastes multinationales véritables acteurs géopolitiques dans cette région, tout en mettant en lumière la violence politique devenue relativement banale. Puis, refusant tout manichéisme, il aborde les personnalités, plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord, des protagonistes : de l’avocat idéaliste devenu l’homme de main des intérêts américains, à l’utopiste marxiste devenu tyran pour imposer ses vues, l’enfer latin fut pavé des meilleures intentions. La corruption eut trop fréquemment raison des meilleures âmes et explique mieux que n’importe quel autre facteur les raisons du marasme de l’Amérique.
On ressort de ce livre guéri de notre prétention à tout juger ; difficile d’émettre un avis posé sur ce qui put se passer au siècle dernier en Amérique latine : tout est plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Une seule certitude perdure : au fil des coups d’Etat téléguidés, des putschs et des révolutions « libératrices », le grand oublié fut le peuple, souvent victime passive de ces renversements de pouvoir faits en son nom » (Rémi Tremblay, Présent).

Du même auteur
Aux éditions Dualpha
Le Canada français, de Jacques Cartier au génocide tranquille, avec Rémi Tremblay
La Bombe africaine et ses fragmentations, préface d’Alain Sanders
Dictionnaire des États éphémères ou disparus de 1900 à nos jours, 2 éd. revue, corrigée et complétée
Ces drôles d’États grands comme un mouchoir de poche, préface d’Olivier Pichon.
aux Éditions de l’Æncre
Evita Perón La reine sans couronne des Descamisados, 2 éd.
aux Éditions Dutan
Pronunciamiento sous les tropiques, 2 éd. revue, corrigée et complétée
aux Éditions de l’Atelier Fol’Fer
L’avion, ce mystérieux tueur de célébrités
Porto Rico: 51e étoile ou dernière colonie américaine ?
aux Bouquins de Synthèse nationale