Description
Louis-Christian Gautier a écrit ce livre pour que le souvenir reste. Les officiers de sa génération n’ont pas leurs noms gravés sur « les marbres glorieux ». Ils ont pourtant tenu leur poste aux créneaux du Fort, le désert était rarement ensoleillé et les Tartares ne sont pas venus. Est-ce leur faute ? Ne leur doit-on pas au contraire de la reconnaissance pour les avoir « dissuadés » ? D’ailleurs, certains se prétendent même « vainqueurs de la Guerre Froide » ; l’auteur est plus modeste, mais il a la chance, peut-être unique, de posséder la quasi-totalité de ses lettres de l’époque, conservées par la piété paternelle. Que leur fils soit Saint-Cyrien était pour ses parents un sujet de fierté : pour eux aussi, il a le devoir de témoigner.
Voilà ce qu’il en dit : « Arrivé à la fin d’une carrière qu’un de mes camarades de promotion passé au corps préfectoral a qualifiée d’“atypique”, j’ai éprouvé le besoin de témoigner. Car les militaires, espèce sinon en voie de disparition du moins de raréfaction sous nos climats, sont je pense très mal connus : si l’on élimine quelques pamphlets antimilitaristes émanant la plupart du temps de gens n’ayant que brièvement porté l’uniforme, leurs portes-paroles sont généralement… des généraux, lesquels trouvent que tout est pour le mieux dans la meilleure armée du monde puisqu’ils sont arrivés au sommet de sa hiérarchie. Personne n’a relaté la vie quotidienne d’un capitaine qui n’a été ni Danjou, ni Dreyfus, ni Bournazel. J’ai entrepris de rédiger la vie banale du militaire sans guerre que je fus, un “Désert des Tartares” moins les paysages grandioses et surtout le talent de Dino Buzzati : je ne suis qu’un témoin, et n’ai jusqu’ici publié que dans le domaine de l’histoire médiévale et dans l’esprit d’un enquêteur. Ce travail, je l’ai entrepris d’abord pour moi, éventuellement mes camarades et mes descendants ; mais j’ai pensé que les Français seraient peut-être intéressés (et surpris) de découvrir leur armée autrement qu’à travers des images d’Epinal ou des caricatures. »