Description
préface de Pierre Chaunu de l’Institut.
La valeur de l’homme ne se mesure pas, comme le croient les maîtres de notre Université, au niveau de son instruction, mais à celui de son caractère. Car c’est la force de son caractère, et non l’instruction, qui donne à l’homme une armature interne résistante. Privé de cette armature, il devient le jouet de toutes les circonstances.
C’est une des grandes illusions de la démocratie de s’imaginer que l’instruction égalise les hommes. Elle ne sert souvent qu’à les différencier davantage. Conservée presque exclusivement par les peuples latins, l’instruction basée sur la mémoire (qui ne forme que de beaux parleurs), est une des grandes causes de notre faiblesse actuelle. Elle a pour résultat de confier les plus importantes fonctions à des individualités souvent fort médiocres. Ce système d’éducation classique a fini par créer une aristocratie de la mémoire, n’ayant aucun rapport avec celle du jugement, de l’intelligence et même du simple bon sens.
C’est pourquoi le système d’éducation a plus d’importance pour un peuple que la couleur de son gouvernement. Les mutations actuelles de nos peuples occidentaux, en développant leur hétérogénéité, nous ramènent rapidement vers une forme de primitivité que nous avons connue dans nos premiers âges. Primitivité vivant côte à côte avec une science et une technique extraordinaires, creusant de plus en plus le fossé des déséquilibres sociaux qui ne feront qu’accentuer les inégalités, sources de haines, de chaos, et en tous cas, d’absence totale de fraternité.
Si l’on pouvait créer une échelle de la valeur humaine, on pourrait dire que l’homme civilisé possède une imagination représentative assez développée pour songer aux événements futurs, bons ou mauvais, et diriger sa conduite en vue de ces événements qui ne doivent ou ne peuvent se produire que dans un avenir assez éloigné. C’est Colbert plantant les chênes qui serviront à la construction de la « Royale » de 1900. Les autres individus, les primitifs, sont dans l’imprévoyance quasi-totale. Ils grossiront le flot des barbares que nous sécrétons, qui prolifèrent, et qui ne chercheront qu’à détruire notre société.
Actuellement, nos compatriotes rappellent l’insouciance béate du bœuf paissant tranquillement l’herbe du sentier par lequel on le conduit à l’abattoir.
La réforme de l’enseignement serait donc une véritable révolution. Est-elle réalisable ? Gustave Le Bon nous éclaire sur ce sujet.
Du même auteur
chez le même éditeur
Psychologie du socialisme
Psychologie de l’éducation
Psychologie politique et la défense sociale
Psychologie des foules
La Révolution française et la psychologie des révolutions
La Vie des vérités
Immigration, chance ou catastrophe ?
La mort apparente et les inhumations prématurées