Description
Guérillo sudiste
En France, malgré quelques films qui ont contribué à nuancer son image, sa vie et ses exploits, Jesse James est encore perçu comme un outlaw, un pilleur de trains de banques et de diligences. C’est un peu court.
Au vrai, jusqu’à son assassinat par un dirty little coward nommé Bob Ford, Jesse fut un guérillero sudiste continuant « sa » guerre personelle contre les Yankees. D’abord avec William C. Quantrill et « Bloody Bill » Anderson, puis aux côtés de son frère, Frank, et des frères Younger.
La ballade qui lui est consacrée dit qu’il vola les riches pour donner aux pauvres. Certes. Mais les riches yankees pour donner aux pauvres sudistes.
C’est cette destinée hors du commun, entre l’histoire et la légende, que ce livre – le premier du genre en France – s’applique à retracer. « Les Yankees nous ont contraints à agir comme nous l’avons fait. Nos victimes étaient des Nordistes », disait Jesse. Voyons ce qu’il en fut vraiment…
« Buffalo Bill, Davy Crockett, Billy the Kid, Wyatt Earp, Doc Holliday, les frères James, on ne compte plus les figures du Far West passées dans l’histoire… ou dans la légende. Parmi celles-ci, Jesse James a toujours occupé une place particulière et privilégiée, beaucoup plus que son frère Frank, plus effacé. Aussi bien, est-ce Jesse qui a été le héros d’innombrables films, depuis le cinéma muet jusqu’à L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007), en passant par Le Brigand bien-aimé (1939 et 1957), La Légende de Jesse James (1972), et une bonne dizaine d’autres.
« Dans ces films, la légende l’emporte le plus souvent sur l’histoire, et c’est un peu ce que fait aussi Alain Sanders dans l’excellent ouvrage qu’il consacre aujourd’hui au « bandit bien-aimé ». Il applique le précepte célèbre d’un héros de John Ford et il imprime, lui aussi, la légende. On connaît la prédilection de l’auteur pour les armées confédérées et tout ce qui se rattache à l’épopée sudiste. C’est le cas de Jesse James qui guerroyait à leurs côtés, jusqu’à la fin, et même au-delà, poursuivant une guérilla sauvage, en compagnie d’autres rebelles. Ce sont un peu les “soldats perdus” de la Confédération, moitié patriotes, moitié bandits de chemins de fer et braqueurs de banques, au Missouri, au Kentucky, dans l’Iowa ou dans le Missouri.
De 1865 à 1882, braquages et pillages se succèdent jusqu’à ce que le 3 avril 1882, Jesse, trahi par “Le lâche Robert Ford”, son dernier complice, soit tué par, ce dernier, acheté par le gouverneur du Missouri, lequel avait mis sa tête à prix. Pendant sa longue cavale, Jesse avait souvent été protégé par des réseaux d’ex-confédérés, reconnaissants des croupières qu’il taillait aux Yankees (mais pas seulement) et qui faisaient de lui un héros de la cause sudiste. Cela n’était pas faux, mais du patriotisme au brigandage, la frontière était ténue et fut souvent franchie. Après la mort du héros, la légende s’édifia rapidement, avec d’abord de nombreux livres, plus tard les premiers films muets (joués parle propre fils de Jesse !), sans oublier maintes chansons, comme la célèbre Ballade de Jesse James où il est dit : “Il volait les riches pour donner aux pauvres.”
Cette légende est sans doute plus belle que l’histoire, mais Sanders a eu bien raison de préférer celle-là à celle-ci, suivant le conseil de John Ford et préférant la belle image à la réalité un peu moins reluisante. Il a pu donner un beau livre, et c’est cela qui compte » (Philippe d’Hugues, La Nouvelle Revue d’Histoire).
Du même auteur
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